Comment scaler un projet SaaS ou e-commerce après un MVP développé rapidement
Le MVP (Minimum Viable Product) permet de rapidement tester une proposition de valeur. Mais ce qui a permis d’aller vite devient souvent un frein à la croissance : architecture fragile, performances insuffisantes, dette technique, vélocité qui diminue à chaque itération.
Dans cet article, nous présentons des solutions concrètes pour transformer votre MVP en un produit SaaS ou e-commerce capable de continuer à livrer de nouvelles fonctionnalités sans perdre en qualité ni en vitesse.
Du MVP au scale : le vrai défi
L’objectif n’est pas de “tout réécrire” : il s’agit d’itérer intelligemment, en sécurisant la vélocité produit et les objectifs business (acquisition, activation, rétention, conversion). Les sections ci-dessous donnent des checklists, des erreurs à éviter et des indicateurs pour vous guider.
Les limites d’un MVP développé rapidement
- Couplage fort / architecture monolithique : chaque changement introduit de nouveaux bugs.
- Dette technique : quick fix, absence de tests, pas de conventions, vélocité en chute libre.
- Performances & SEO dégradés : TTFB élevé, CLS/LCP mauvais, perte de trafic organique.
- Onboarding lent : comprendre le projet prend des semaines, les nouveaux développeurs mettent du temps à être opérationnels.
- Stack trop exotique : recrutement difficile.
Signaux d’alerte
- Les délais de livraison augmentent sprint après sprint.
- Les mêmes bugs/perfs reviennent malgré les “quick fixes”.
- Ajouter un dev ne rend pas l’équipe plus rapide.
- Les priorités business (internationalisation, SEO, nouvelles fonctionnalités) stagnent.
Solutions
1) Audit
Première étape : faire un état des lieux clair. L’objectif est de définir une roadmap pour savoir ce qu’on garde, ce qu’on refactor et ce qu’on doit reconstruire.
Points à vérifier avec des outils pour réaliser ces analyses :
- Code : repérer les duplications, la complexité inutile, les domaines mal séparés (authentification, fonctionnalité principale, etc.).
- Performances : mesurer les performances de votre SaaS ou e-commerce avec Lighthouse et suivre les Core Web Vitals, TTFB, taille du bundle (Next.js bundle analyzer).
- Observabilité : analyser les erreurs (Sentry) et les données analytics (Vercel Analytics, Datadog).
- Process : PR review, conventions, CI/CD, tests (unitaires/e2e), documentation pour détailler les conventions, l’onboarding (Notion).
Livrable : une liste claire des priorités avec quelques améliorations rapides à traiter en 2–3 semaines, puis les chantiers plus lourds à planifier sur 1–3 mois.
2) Architecture de code
Deuxième étape : définir une architecture simple et maintenable. Le but est de choisir des technologies largement utilisées et une architecture de code robuste pour livrer rapidement des fonctionnalités sans compromettre la qualité.
- React + Next.js (App Router) : organisation claire par domaines, rendu serveur (SSR) ou incrémental (ISR) pour de meilleures performances et SEO.
- TypeScript strict : réduction des bugs, code plus lisible, nouveaux développeurs opérationnels plus rapidement.
- Supabase : base PostgreSQL, authentification et stockage intégrés. Idéal pour scaler un MVP sans multiplier les outils.
- React Query (TanStack Query) : gestion fiable des appels API, cache et synchronisation automatique.
- TailwindCSS : composants réutilisables, design system rapide à mettre en place avec des librairies comme shadcn ou radix.
- Clean architecture : grâce à l'inversion de dépendances, il est plus simple de changer d'API ou de services externes et d'intégrer des tests automatiques.
Pour aller plus loin : architecture hexagonale et inversion de dépendances pour découpler votre code métier des dépendances externes.
3) Migration progressive
Objectif : continuer de livrer de la valeur à vos utilisateurs tout en améliorant votre projet.
- Migration progressive : isolez une partie du produit (par exemple l’authentification ou le tunnel de paiement), réécrivez-la avec la nouvelle stack et une meilleure architecture (Next.js, TypeScript, Tailwind), puis basculez les utilisateurs dessus petit à petit.
- Frontières claires : ajoutez des couches d’adaptation pour séparer l’ancien code du nouveau. Cela évite que tout soit mélangé et rend la transition plus simple à gérer.
- Compatibilité descendante : quand vous changez un service ou une API, assurez-vous que l’existant continue de fonctionner pour ne pas bloquer les utilisateurs.
- Activation progressive : activez les nouvelles versions seulement pour une partie des utilisateurs (par exemple les testeurs internes ou quelques utilisateurs définis) avant de généraliser. Cela réduit les risques.
4) Réduction de la dette technique
Quatrième étape : réduire la dette technique et fiabiliser le projet. L’objectif est de limiter les bugs et les régressions, pour que chaque nouvelle fonctionnalité arrive plus vite et avec moins de risques.
- Tests : mettez en place l’essentiel. Tests unitaires sur la logique métier et tests de bout en bout (avec Playwright ou Cypress) sur les parcours clés : inscription, paiement, ajout au panier.
- Intégration continue : utilisez des outils comme GitHub Actions pour automatiser les vérifications sur le code (lint, vérification des types, tests, audit Lighthouse). Ayez une préproduction identique à la production pour valider avant mise en ligne.
- Suivi en continu : surveillez les erreurs avec Sentry et analysez les indicateurs clés (taux d’erreurs, pages qui plantent, lenteurs).
- Sécurité : configurez correctement l’authentification, validez les données côté serveur et surveillez vos dépendances.
5) La performance comme levier business
Cinquième étape : traiter la performance comme un levier business. Un site ou un SaaS rapide améliore le référencement, la conversion et l’expérience utilisateur.
- Indicateurs clés : visez un site qui charge vite, sans décalages visuels, et avec des interactions fluides. Optimisez vos images avec
Next/Image
et utilisez le pré-rendu (ISR) pour les pages stratégiques. - Moins de JavaScript : évitez d’envoyer du code inutile au navigateur. Utilisez le rendu côté serveur, le chargement différé (lazy loading) et limitez les librairies trop lourdes.
- SEO pour l’e-commerce : mettez en cache les pages produits et CMS (ISR), soignez le maillage interne, et ajoutez des données structurées (produits, fil d’Ariane) pour Google.
- Suivi continu : surveillez vos performances avec Lighthouse en CI, fixez un budget de poids pour vos bundles et mesurez l’expérience réelle des utilisateurs en production.
6) Organisation pour accompagner la croissance
Sixième étape : organiser le travail pour que le projet grandisse sans perdre en qualité. Il ne s’agit pas seulement de code, mais aussi de la façon dont les équipes collaborent.
- Design system : créez une bibliothèque de composants réutilisables (par exemple avec Tailwind et des composants maison). Cela assure cohérence, accessibilité et rapidité quand plusieurs développeurs travaillent en parallèle.
- Conventions : définissez des règles simples et partagées (nommage, organisation des dossiers, choix techniques). Documentez-les pour éviter les malentendus (ex : Notion).
- Onboarding : facilitez l’arrivée d’un nouveau développeur avec une documentation claire, un setup qui s’installe en une commande et des exemples de données pour tester rapidement.
- Rituels d’équipe : préférez de petites PR régulières, des revues de code systématiques et une communication directe entre les membres de l'équipe pour échanger rapidement.
Erreurs à éviter
Pour réussir à scale votre projet, il est tout aussi important de savoir ce qu’il ne faut pas faire. Voici les erreurs les plus courantes après un MVP :
- Tout réécrire d’un coup : repartir de zéro sans plan ni indicateurs bloque la livraison de valeur et met en danger le projet.
- Se lancer trop tôt dans les micro-services : cela ajoute une complexité technique énorme alors qu’une architecture simple suffit largement au départ.
- Choisir une stack à la mode mais trop exotique : difficile de recruter, développement ralenti, dépendance à quelques profils rares.
- Négliger les tests : chaque nouvelle fonctionnalité casse l’existant ou est développée à l’aveugle, et l’équipe perd confiance dans le code.
- Ignorer les performances : un SaaS ou un site e-commerce lent fait chuter le référencement, la conversion et l’expérience utilisateur.
KPI & checklists
Piloter par indicateurs : suivez quelques mesures simples, compréhensibles à la fois par l’équipe produit, les développeurs et la direction.
- Livraison : le temps moyen pour qu’une nouvelle fonctionnalité passe de l’idée à la mise en production, et la taille des changements (mieux vaut de petites mises à jour fréquentes).
- Qualité : nombre d’erreurs en production, stabilité des tests automatiques, et couverture minimale sur les parties critiques (paiement, authentification).
- Performance : temps de chargement ressenti par les utilisateurs, fluidité des interactions, poids global du site ou de l’application.
- Business : taux de conversion, taux d’activation, rétention des utilisateurs, satisfaction client (NPS), et positionnement SEO (trafic organique).
Checklist mensuelle : (1) une partie du code ancien migrée, (2) aucun bug bloquant sur les parcours clés (inscription, paiement), (3) le poids du site reste stable ou diminue, (4) les mises en production sont petites et régulières, (5) un nouveau développeur est opérationnel en moins de 2 semaines.
Conclusion
Passer d’un MVP développé rapidement à un produit scalable ne repose pas sur une refonte totale, mais sur une stratégie progressive : commencez par réaliser un audit puis mettez en place des solutions : une bonne architecture de code, une migration de technologies et de pratiques incrémentale si nécessaire, traitez la dette technique en continu, etc.
Chez Hexa web, nous accompagnons depuis plusieurs années des startups à développer leur projet, de la phase MVP au développement de nouvelles fonctionnalités, en passant par les refontes ou migrations si nécessaire. Contactez-nous si vous souhaitez en savoir plus.